Révéler l’invisible et créer des cadres collaboratifs

Sources & références

Texte d’abord paru le 27 août 2025, lors d’une collaboration avec Académie GRH
Photos: Stéphanie St-Pierre

«L’invisible gouverne le visible», une compréhension que les neurosciences et le neurocoaching explorent de plus en plus. Les organisations résistent à envisager cette perspective, non traditionnelle, et surtout, non rationnelle.

Les cadres collaboratifs appartiennent justement à ce royaume de l’invisible. Cette alchimie qui transforme un groupe en équipe, cette confiance qui libère les potentiels, cette intelligence collective qui émerge du chaos. Tout cela échappe aux métriques.

Et c’est exactement pourquoi on a si peur d’y investir, et pourtant. On investit si facilement sous les spéculations de la bourse… Chutes, émergences, c’est ce qui définit le chaos. On peut y perdre gros, cela dit, les vrais investisseurs y gagnent souvent avec un taux moyen plus élevé.

Brené Brown observe avec justesse : «Il faut du courage pour se montrer et se laisser voir quand on ne peut pas contrôler l’issue.» Nous avons oublié cette sagesse qui voit l’essentiel, qui pose les vraies questions, qui s’émerveille encore.

Comment convaincre que de miser sur l’invisible créera de la vraie valeur, aussi bien perçue que pécuniaire? Pourtant, c’est là que réside le trésor caché de toute organisation. C’est aussi mon pouvoir d’être et d’agir, mon ikigai: créer des courants déterminants.

 

Cultiver l’essentiel invisible

Dans un monde obsédé par les métriques et les performances, nous devons nous rappeler que l’art de collaborer se nourrit d’invisible. On peut le subir ou le créer. On peut choisir les histoires que l’on se raconte à force de schémas mentaux, des indicateurs qui surchauffent et des montres qui s’accélèrent. Ou encore, co-créer avec les possibles latents qui patientent d’être cultiver, le souvenir de ce qui n’existe pas encore. L’élan partagé qui pousse à se dépasser ensemble. Cette joie silencieuse de créer côte à côte, tout cela échappe aux tableaux de bord.

En creusant, on réalise que ces dernières années, exacerbé par la pandémie, l’essentiel s’effrite: les gens ne se parlent plus (on se complait dans les smalltalk), ils échangent par politesse (on ne collabore plus), l’innovation s’enlise dans la routine (pour répéter ce que l’on dit automatiser et par refus de s’autonomiser).

Aurons-nous le courage de créer des espaces pour nourrir cet invisible: des cercles de parole authentiques, des temps de réflexion, de connexion, de compréhension, co-création, des rituels de célébration. Finalement, du temps guidé, par des processus systémiques, pour simplement se reconnaître au-delà des rôles. En quelques mois, non seulement les métriques progresseront, cette alchimie indéfinissable sera bien vivante.

L’art et la science de voir au-delà

Nous regardons nos collaborateurs avec nos yeux conditionnés. Nous voyons des fonctions, des objectifs, des compétences sur papier. Nous mesurons, nous évaluons, nous catégorisons. Et nous passons à côté de l’essentiel: l’humain dans son unicité. Se connaître et se reconnaître. On rationalise la valeur employable et transactionnelle de nos équipes et on oublie de les valoriser avec ce qui a de la valeur. On mesure tout, sauf l’invisible.

«Les gens n’achètent pas ce que vous faites, ils achètent pourquoi vous le faites.»  -Simon Sinek.

Révéler l’invisible dans la chaine de valeur des cadres collaboratifs

L’art de créer des liens authentiques commence par une question simple: qu’est-ce qui fait briller les yeux de cette personne? Pas ses compétences techniques, et plutôt cette passion secrète qui l’habite et qui attend d’être reconnue. Cette étincelle unique qui sommeille en chaque personne et qui, une fois révélée, transforme une équipe ordinaire en communauté extraordinaire.

Le besoin de connexion et de consolidation humaine sera de plus en plus important, impactant, dans les temps à venir.

Cultiver les rituels

Il faut être très patient. Le changement ne se décrète pas, il s’apprivoise. Cette leçon révolutionne notre approche du changement organisationnel. Trop souvent, nous voulons imposer nos transformations. Nous annonçons, nous expliquons, nous déployons. Et nous nous étonnons des résistances.

C’est un jardin à cultiver. On n’y verra rien de bon pousser si nous n’avons pas préparé le terrain, si nous venons pas régulièrement se co-réguler et surtout s’offrir contemplation et gratitude. Ça demande du temps. Ça demande de prendre le temps.

L’engagement durable naît de l’apprivoisement mutuel. Et cet apprivoisement passe par des rituels simples mais réguliers qui tissent du lien, du sens, de l’appartenance.

Stephen Covey disait: «Cherchez d’abord à comprendre, puis à être compris.» Des pratiques conscientes créent des cultures uniques. C’est l’alchimie relationnelle qui crée la culture, et non pas, la culture qui crée les relations.

«Le leadership, ce n’est pas d’être responsable des résultats.
C’est d’être responsable des personnes qui sont responsables des résultats.»

— Simon Sinek

La mémoire de ce qui est à créer

Je dis souvent que mon atout, c’est ma capacité à faire émerger le vrai. Tout d’abord, parce que l’on n’ose pas poser les vraies questions ou des questions qui ne servent, apparemment, à rien.

Mes accompagnements visent à réveiller cette mémoire enfouie, retrouver cette capacité d’émerveillement, cette authenticité qui libère les potentiels. Cette simplicité qui ouvre les cœurs et les esprits.

Car au fond, les équipes les plus performantes sont celles qui ont su préserver quelque chose de la naïveté: la curiosité, la créativité, la capacité à rêver, ensemble. Quand on croit tout savoir, on n’explore plus, on n’ose plus, on n’apprend plus, on n’évolue plus.

Simon Sinek l’exprime magnifiquement: «Le leadership, ce n’est pas d’être responsable des résultats. C’est d’être responsable des personnes qui sont responsables des résultats.» Saint-Exupéry dit quant à lui: «Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé.» Créer le lien, c’est créer une grande partie de la réponse aux enjeux de gestion et de collaboration.

Dans un monde de plus en plus connecté, automatisé, paramétré et mesuré, cette vérité devient révolutionnaire. Elle nous invite à conscientiser l’invisible qui fait toute la différence: l’humanité, l’authenticité, la beauté. C’est là, dans cet invisible précieux, que naissent les vraies transformations. Celles qui durent. Celles qui inspirent. Celles qui révèlent le meilleur de nous-mêmes.