L’allégorie du potier pressé

Inconnu

Dans un village, vivait un potier réputé pour la beauté de ses œuvres. Ses vases ornaient les plus belles maisons, ses jarres étaient recherchées sur tous les marchés.

Un jour, une commande importante arriva. Le seigneur du château voulait cent pièces pour un banquet royal. Le délai était court.

Le potier se mit aussitôt au travail. Il pétrissait l’argile rapidement, modelait sans pause, enfournait pièce après pièce. Ses mains volaient, ses gestes s’enchaînaient sans répit.

Au bout de trois jours, il avait terminé. Cent pièces alignées, prêtes à cuire.

Mais quand il ouvrit le four, son cœur se serra. Les vases étaient fendillés, les formes bancales, les couleurs ternes. Dans sa hâte, il avait oublié l’essentiel.

L’argile n’avait pas eu le temps de reposer. Les émaux avaient été appliqués trop vite. La cuisson avait été précipitée.

Il recommença. Cette fois, il prit le temps de laisser l’argile se détendre. Il observa chaque pièce avant de passer à la suivante. Il laissa les émaux sécher complètement.

La cuisson fut lente, réfléchie.

Le résultat dépassait tout ce qu’il avait jamais créé. Chaque pièce était parfaite, unique, vivante.

Il livra en retard, mais le seigneur fut émerveillé. Ces œuvres étaient si belles qu’elles traverseraient les siècles.

Ce jour-là, le potier comprit : on ne peut pas forcer la beauté. Elle naît du temps qu’on lui accorde.

Parfois, ralentir permet d’aller plus loin.

NOTES & RÉFLEXION

QUESTIONS D'EXPLORATION