Cultiver l’essentiel invisible
Dans un monde obsédé par les métriques et les performances, nous devons nous rappeler que l’art de collaborer se nourrit d’invisible. On peut le subir ou le créer. On peut choisir les histoires que l’on se raconte à force de schémas mentaux, des indicateurs qui surchauffent et des montres qui s’accélèrent. Ou encore, co-créer avec les possibles latents qui patientent d’être cultiver, le souvenir de ce qui n’existe pas encore. L’élan partagé qui pousse à se dépasser ensemble. Cette joie silencieuse de créer côte à côte, tout cela échappe aux tableaux de bord.
En creusant, on réalise que ces dernières années, exacerbé par la pandémie, l’essentiel s’effrite: les gens ne se parlent plus (on se complait dans les smalltalk), ils échangent par politesse (on ne collabore plus), l’innovation s’enlise dans la routine (pour répéter ce que l’on dit automatiser et par refus de s’autonomiser).
Aurons-nous le courage de créer des espaces pour nourrir cet invisible: des cercles de parole authentiques, des temps de réflexion, de connexion, de compréhension, co-création, des rituels de célébration. Finalement, du temps guidé, par des processus systémiques, pour simplement se reconnaître au-delà des rôles. En quelques mois, non seulement les métriques progresseront, cette alchimie indéfinissable sera bien vivante.
L’art et la science de voir au-delà
Nous regardons nos collaborateurs avec nos yeux conditionnés. Nous voyons des fonctions, des objectifs, des compétences sur papier. Nous mesurons, nous évaluons, nous catégorisons. Et nous passons à côté de l’essentiel: l’humain dans son unicité. Se connaître et se reconnaître. On rationalise la valeur employable et transactionnelle de nos équipes et on oublie de les valoriser avec ce qui a de la valeur. On mesure tout, sauf l’invisible.
«Les gens n’achètent pas ce que vous faites, ils achètent pourquoi vous le faites.» -Simon Sinek.

L’art de créer des liens authentiques commence par une question simple: qu’est-ce qui fait briller les yeux de cette personne? Pas ses compétences techniques, et plutôt cette passion secrète qui l’habite et qui attend d’être reconnue. Cette étincelle unique qui sommeille en chaque personne et qui, une fois révélée, transforme une équipe ordinaire en communauté extraordinaire.
Le besoin de connexion et de consolidation humaine sera de plus en plus important, impactant, dans les temps à venir.
Cultiver les rituels
Il faut être très patient. Le changement ne se décrète pas, il s’apprivoise. Cette leçon révolutionne notre approche du changement organisationnel. Trop souvent, nous voulons imposer nos transformations. Nous annonçons, nous expliquons, nous déployons. Et nous nous étonnons des résistances.
C’est un jardin à cultiver. On n’y verra rien de bon pousser si nous n’avons pas préparé le terrain, si nous venons pas régulièrement se co-réguler et surtout s’offrir contemplation et gratitude. Ça demande du temps. Ça demande de prendre le temps.
L’engagement durable naît de l’apprivoisement mutuel. Et cet apprivoisement passe par des rituels simples mais réguliers qui tissent du lien, du sens, de l’appartenance.
Stephen Covey disait: «Cherchez d’abord à comprendre, puis à être compris.» Des pratiques conscientes créent des cultures uniques. C’est l’alchimie relationnelle qui crée la culture, et non pas, la culture qui crée les relations.